Saturday, July 12, 2008

Return To Forever à Vienne !


C'est perché tout en haut du théâtre antique que j'ai pu assister à la fabuleuse performance des quatre membres de Return To Forever.
Chick Corea, Al DiMeola, Stanley Clarke et Lenny White ont montré leur immense talent et une merveilleuse complicité tout au long de ce concert mémorable.
La musique du groupe sait être savante tout en étant particulièrement entraînante et accessible. S'inspirant à la fois des univers du rock, du jazz et même de la musique espagnole et de la musique classique, leur musique offre une belle diversité.
On a pu une nouvelle fois apprécier les qualités d' improvisateur de Chick Corea. Al Di Meola nous a épaté avec des solos très rock et une virtuosité ébouriffante. Stanley Clarke est lui tout simplement monstrueux. Il est véritablement le pilier du groupe soutenant magnifiquement ses partenaires et offrant des superbes solos que ce soit sur sa basse électrique ou acoustique. Un Grand monsieur d' une élégance irréprochable, ce qui ne gâche rien !
Le groupe a repris nombre de leurs morceaux les plus connus notamment ceux issus du fameux "Romantic Warrior", ce qui nous a permis de (re)découvrir les qualités mélodiques de ces titres.


Quelques jours plus tôt, nous avons assisté au concert du quartet de John McLaughlin qui ne nous a pas transporté comme celui de Chick Corea et sa bande.
Des compos trop pauvres et une interaction entre les musiciens qui manquait de richesse et d'intensité. McLo a offert de beaux solos et son batteur n' a pas démérité mais la musique n' a pas vraiment décollé.
En première partie, nous avions la chance d' assister à la performance du Maria Schneider Big Bang. Héritière de l'esthétique de Gil Evans, Maria Schneider a offert une musique subtile avec de beaux mariages de timbres. Malgré la qualité des solistes, sa musique un peu trop sage et lisse ne nous a pas totalement convaincu.

Friday, July 11, 2008

Magnifique Sonny Rollins à Vienne !


Huit mille spectateurs s' étaient rassemblés une nouvelle fois pour applaudir Sonny Rollins dans son jardin, le théatre antique de Vienne. C'est déjà la quatrième fois que je le vois dans ce lieu en un peu plus de dix ans.
Dès le départ du concert, nous avons compris que nous allions assister à un grande soirèe. Sur "Sonny, please", un superbe thème modal, le maître se lance dans un solo au long cours magnifiquement inspiré. Le son toujours aussi superbe et la beauté de ses phrases nous transportent. "Pourquoi lire du Platon alors que le son d’un saxophone ténor peut nous ouvrir la porte d’un autre monde ?". Cette phrase de Cioran prend alors tout son sens.
Le concert se poursuit avec un Rollins toujours impérial. Pas une phrase qui ne dit pas l' essentiel et ne provoque une intense émotion. Le groupe tente de se mettre au niveau et il y parvient presque avec des beaux solos de guitare et de basse notamment sur l' émouvante ballade "In a sentimental mood". Le neveu de Sonny, Clifton Anderson au trombone, déçoit comme souvent. On aimerait tant voir un souffleur plus stimulant aux cotés de Rollins comme par exemple Don Cherry dans les annèes 60.
Les musiciens nous ont ensuite offert un superbe duo sax-percussions tout en finesse avant l' explosif "Don't Stop The Carnival" quelque peu écourté par rapport à d'habitude mais d' une belle intensité.
Après deux heures de grande musique, on pense que le concert est terminé avant que Jean-Paul Bouteiller, le directeur du festival, nous annonce que Rollins sera de retour dans quelques minutes.
Une vague de bonheur envahit le théatre, chacun ayant le sentiment d'assister à une soirèe magique.
La deuxième partie s'ouvre dans une atmosphère plus intime et Rollins semble avoir perdu un peu d' énergie et d'intensité. Pas grave, nous continuons à savourer le son de Sonny Rollins qui, une fois encore, a tenu son rang de géant du Jazz avec maestria.

Sunday, July 06, 2008

Ornette à Vienne !


Des millers de spectateurs s' étaient réunis au théâtre antique de Vienne pour applaudir la légende du Free Jazz, Ornette Coleman.
Accompagné d' un bassiste Anthony Falanga utilisant abondamment et avec grand talent l' archet, d'un bassiste électrique Al McDowell trés mélodique faisant sonner à s' y méprendre sa basse comme une guitare et de son fils Denardo à la batterie, le saxophoniste a livré une prestation émouvante nous donnant à entendre une sérénité nouvelle.
Ornette et son quartet ont visité de nombreux styles différents qui ont nourri la musique du maître, les standards de Broadway avec une superbe ballade, la musique classique avec une belle version d' un extrait des suites pour violoncelle de Bach, pour conclure avec une version de "Lonely Woman".
Les passages explosifs free se sont ainsi fait rares durant ce concert pour laisser place au lyrisme étrange et profondément original d' Ornette.
Une veine mélodique renforcée par le trio rythmique plus porté sur les développements mélodiques que sur le foisonnement rythmique. Un environnement parfaitement adapté à la nouvelle orientation d' Ornette.
Au final, un concert moins stimulant que celui de Wayne Shorter. A l'inverse de Shorter qui continue à ouvrir de nouveaux territoires musicaux comme aux plus grandes heures de sa carrière, Ornette semble à présent s'assagir et délivre une musique introspective comme une conclusion apaisée à des années de musiques tumultueuses.

Thursday, July 03, 2008

Wayne Shorter à Vienne !



Wayne Shorter a offert aux quelques milliers de spectateurs du théatre antique de Vienne un concert d' une rare intensité.
Ouvert par une magnifique performance du quintette à vents new-yorkais "Imani Winds" qui a joué une composition orignale écrite en collaboration avec le maître Wayne Shorter suivie par un morceau d' Astor Piazolla,le concert s' est poursuivi avec deux longs morceaux de Shorter avec son quartet de feu. Shorter a une manière particulière de débuter ses concerts. Les premières phrases brèves et presque hésitantes qu' il joue sont comme des incantations pour installer la magie de sa musique. Poussé par une rythmique époustouflante de précision et d' interaction (incroyable Brian Blade à la batterie, et les brillants Danilo Perez au piano et John Patitucci à la basse), Shorter atteint des sommets en appliquant à merveille la doctrine de Miles Davis, un de ses maîtres assurément, qui consiste à ne pas jouer beaucoup de notes mais à jouer les plus belles. La suite du concert marque le retour du quintette "Imani Windi" cette fois en compagnie de Shorter et son quartet. La beauté des arrangements répond à la liberté d' improvisation des musiciens du quartet. On quitte le concert béat d'admiration en se disant que nous avons vu un des plus grands maîtres du Jazz qui, à 75 ans, donne encore le meilleur de lui-même tout en poursuivant de nouvelles recherches musicales.


Quelques heures plus tôt, nous avons pu assister au concert de Carla Bley avec Paolo Fresu à la trompette et Andy Sheppard au sax. Musique trés (trop) écrite et quelque peu monotone mais tout en finesse avec de belles interventions solistes et des jolis dialogues entre les souffleurs. La section rythmique manquait cruellement de dynamisme avec Steve Swallow, Billy Drummond et Carla Bley dont le jeu au piano ne convainc décidément pas.


Quelques jours plus tôt, j' ai pu assister au concert de Diana Krall.
Elle a une nouvelle fois montré toute l' étendue de son talent avec des interprétations vocales pleines de swing comme "Frim Fram Sauce" ou l' inaugural " I Love Being Here With You" et des moments de grâce dans les ballades avec l' incontournable de son répertoire "A Case of You" et une superbe version de "Boulevard of Broken Dreams". On a pu apprécier aussi la qualité de son jeu de piano qui devient de plus en plus audacieux avec des passages solos plus fréquents et élaborés. Son trio rythmique distille toujours un soutien sans faille et des solos de grande qualité.
Dommage que la sono n' ait pas été à la hauteur avec l' ampli de la guitare qui a crachouillé pendant presque tout le concert. Faute à une balance négligée ou à un problème technique de dernière minute, mystère ! Un problème étonnant en tout cas pour des artistes de cette trempe.


La belle surprise de la soirèe est venue du concert d 'Avishai Cohen. En duo avec le pianiste Shai Maestro, le contrebassiste a offert une musique tout en douceur et en subtilité. La richesse harmonique du duo nous a fait penser à Bill Evans, ce qui n'est pas un petit compliment.Le final vocal a été un très beau moment d' émotion. L'attitude chaleureuse et décontractèe des musiciens a encore ajouté au charme de ce concert.

A Bientôt pour un nouveau compte-rendu viennois avec une soirée annoncée orageuse avec Ornette Coleman à l'affiche et ensuite Sonny Rollins, Chick Corea et d' autres.