Thursday, March 20, 2008

Erykah Badu : New Amerikah Part I


Trés attendu par les amateurs de Nu-Soul et de musique black non formaté, le nouvel album d' Erykah Badu est une BOMBE !
La chanteuse sait se faire désirer, près de cinq ans sans nouvel album depuis le brillant "Worldwide Underground", la voici de retour avec ce superbe album créatif et innovant comme peu de disques contemporains.
Le premier morceau, en collaboration avec Roy Hayers, annonce la couleur magnifiquement en rendant un hommage explosif aux BO Blaxplotation. Le deuxième titre "The Healer", porté par un sample électro hypnotique, nous ouvre de nouveaux territoires sonores suivi par une splendide ballade jazzy "Me" conclu par un duo avec Roy Hargrove à la trompette qui évoque le passage en duo voix-trompette présent dans le premier album de la chanteuse "Baduizm". Sur "Soldier",on apprécie la rude rythmique Hip-Hop et le phrasé de la dame.
Dans la seconde partie du disque, on retrouve plus souvent le son acoustique qui a fait le succès de "Baduizm" mais toujours enrichi par des arrangements sophistiqués comme dans le superbe "That Hump".
On peut aussi souligner la cohérence du projet malgré la diversité des collaborations. Une musique d' une grande richesse qui porte un discours politiquement incorrect abordant tous les sujets qui agitent la société américaine.
On attend la suite annoncée pour juillet avec impatience!

Le clip d' "Honey", premier single de "New Amerikah", sans doute pas le meilleur titre de l' album mais peut-être le plus adapté aux radios. Le clip en hommage aux pochettes de disques mythiques de la musique black (on remarquera "Maggot Brain" de Funkadelic!) est trés sympa.



Eryka Badu : On & On (1997), la grande classe !



Erikah en Live : I Want You



Pour que ça sonne Funk : D'Angelo : Chicken Grease

Thursday, March 06, 2008

Remember Oscar Peterson


Décédé le 23 décembre dernier, le pianiste Oscar Peterson est aujoud'hui reconnu comme l' un des plus grands musiciens de l' histoire du Jazz. Pourtant cette évidence a mis du temps avant d' être unanimement partagée dans les cercles du jazz. A une époque où amateurs et critiques acclament des "révolutionnaires" comme Thelonious Monk, Charles Mingus ou John Coltrane, Oscar Peterson apparait comme un homme du passé. Il est vrai que son jeu hérite directement de celui d' Art Tatum et on peut aussi entendre l' influence du stride de James P. Johnson, la modernité de Bud Powell et la délicatesse de George Shearing. Plus qu' une révolution, Oscar Peterson offre une splendide synthèse.

Pour Jacques Réda, il est "le dernier grand luxe du jazz." Il allie comme aucun autre toutes les qualités que l'on peut attendre d' un musicien. "L' art des progressions et des contrastes. Le sens des climats. L' ultra-souple dans l' ultra-véloce. L' éclat. La pénombre. Le clair-obscur. Le velours. La dynamite. Et puis toutes les autres qualités techniques exigibles d' un pianiste de concours et qui les remporte. C' est beaucoup ? Certes. Cependant ça ne suffirait pas, s' il n' avait en outre les deux essentielles, les deux innées qui donc ne s' acquièrent pas et que le développement des précédentes renforce : un son, et surtout LE swing. " (in Jacques Réda, Oscar Peterson, le velours et la dynamite, Jazz magazine, février 2008)

Où retrouver toutes ces qualités sur disque ? Nous n' avons que l' embarras du choix. Oscar Peterson enregistra de 1950 à 2007 plusieurs centaines de disques en leader ou en sideman, la grande majorité pour Norman Granz qui le découvre dès 1949 et le fait participer à un mémorable concert du "Jazz at the Philarmonic" au Carnegie Hall avec Lester Young et Charlie Parker, (voir l' article du NY Post sur http://www.collectionscanada.gc.ca/oscarpeterson/m3-3024-f.html)

Dans cette production pléthorique, peu de disques sont médiocres y compris ceux en sideman où Peterson donne souvent le meilleur de lui-même. Certains semblent tout de même se détacher et présenter la quintessence d' Oscar Peterson. Essayons-nous de manière chronologique à cette sélection.


Les premiers enregistrements d' Oscar Peterson datent de 1945. Mais c'est en 1950 que Peterson trouve sa véritable personnalité musicale avec une série de duos avec les contrebassistes Ray Brown (déjà!) et Major Holley.
En 1952, il forme un trio avec le guitariste Barney Kessel remplacé bientôt par Herb Ellis et Ray Brown. Ces trios sont remarquables par leur cohésion et le Swing endiablé qui se dégage de leurs performances publiques. Deux disques en sont un superbe témoignage "At the Stratford Shakespearean Festival" (1956) et "At the Concertgebouw" (1957). Le dernier offre des versions extraordinaires de classiques Bop tels "Budo", "Daahoud" et "Joy Spring".



En 1958, Herb Ellis est remplacé par le batteur Ed Thigpen et c' est le début d' une période particulièrement fructueuse pour Peterson dont le sommet est sans doute l' album proche de la perfection, "We Get Requests" (1964). Il faut aussi signaler l' excellent "Night Train" (1962), le réjouissant "Trio+1" (1964) avec Clark Terry et le formidable Live "The Sound of The Trio" (1961).
C' est aussi à cette époque où les enregistrements en sideman se multiplient. Mes favoris sont ceux où il accompagne Lester Young, Louis Armstrong, Lionel Hampton et Buddy DeFranco, sans oublier un fantastique Live avec Stan Getz et JJ Johnson.


Dès 1964, il enregistre régulièrement dans le studio de Hans Georg Brunner-Schwer à Villingen en Allemagne. Bénéficiant de conditions idéales, il y enregistre quelques-uns de ses plus beaux disques dont une splendide séance en solo en 1968 publiée sous le nom "My favorite Instrument". Ces séances sont réunies dans le coffret "Exclusively For My Friends".
Dans les annèes 70, il enregistre de nombreux duos, notamment avec les trompettistes Dizzy Gillespie, Roy Eldridge et John Faddis.
En 1993, il est victime d' un accident cérébro-vasculaire. Il arrive toutefois à revenir sur scène mais, victime de l' arthrite, ne peut plus utiliser normalement sa main gauche. C' est à un de ces concerts où il luttait contre la maladie que j' ai eu la chance d' assister au festival "Jazz à Vienne" en 2005.