Saturday, October 21, 2006








Count Basie : La quintessence du Jazz

Si on me demandait de choisir quelques disques à emmener sur une île déserte, mon choix se porterait sûrement en premier lieu sur un disque du Count Basie Orchestra, période 1936-1939.
Ses enregistrements, publiés pour la plupart chez Decca, nous offrent à chaque écoute un véritable bain de jouvence.
Cet âge d' or où il comptait dans ses rangs Buck Clayton, Harry "Sweets" Edison aux trompettes, le divin Lester Young et le formidable Herschel Evans aux sax ténor, Jimmy Rushing au chant et bien sûr la plus fameuse section rythmique du Jazz de l' époque formée du Count au piano, Freddie Green à la guitare, Walter Page à la basse et du lumineux Jo Jones à la batterie.
Peu de jazzfans peuvent lire ses noms illustres sans émotion et sans nostalgie pour ce paradis perdu du Swing.
Je vous conseille vivement la viste de ce site en hommage au Count :
http://newarkwww.rutgers.edu/ijs/cb/
On y trouve de splendides séances photos de l' orchestre de Basie des années 30 aux années 70, notamment une surprenante séance avec Coltrane !
Un vrai régal ! Les photos ici présentes sont empruntées à ce splendide site.

















Même si Basie resta fidèle au Swing toute sa vie, la magie de son orchestre de la fin des années 30 reste unique. L' auditeur peut entendre la spontanéité créative de cet orchestre symbolisée par les "head arrangements", arrangements non écrits d' un dynamisme prodigieux.
L' orchestre a aussi la chance d' avoir dans ses rangs un improvisateur révolutionnaire en la personne de Lester Young qui sait déplacer la machine à swing en des sphères vaporeuses. (voir article : http://frenchjazzfan.blogspot.com/2006/07/lester-young-fut-un-des-musiciens-les.html)
Au début des années quarante, malgré le départ de Lester et la disparition tragique de Herschel Evans, Count Basie continua à enregistrer de fort belles choses avec la participation notamment de Don Byas et Coleman Hawkins.
Basie arrive à faire survivre son orchestre dans les années cinquante, une période peu propice aux grands ensembles. Même Dizzy Gillespie ne put conserver son Big Band bien longtemps.
Le personnel de l' orchestre est presque entièrement renouvelé hormis l' immuable guitariste Freddie Green. Les nouveaux hommes forts sont les saxophonistes Frank Wess et Frank Foster et le chanteur Joe Williams. L' orchestre signe son chef d' oeuvre avec "April In Paris".
Avec le concours de l' arrangeur Neal Hefti et de l' explosif saxophoniste Eddie "Lockjaw" Davis, Basie signe un autre album marquant nommé "Atomic".
Basie connaîtra encore de belles heures dans la décennie suivante notamment en accompagnant Frank Sinatra avec la participation de l' arrangeur Quincy Jones. L' excellent "Live at The Sands" témoigne de la réussite de leur collaboration.
Pour finir, il faut parler du jeu de piano de Basie, un jeu particulièrement économe qui trouve sa véritable raison d' être dans le dialogue avec l' orchestre. Basie a souvent proclamé son peu de goût pour les solos. Ce qu' il a toujours préféré, c' est entendre son orchestre exploser sous ses ordres !
















Crédits photos :
1. Louis Armstrong et Count Basie en 1938 à Akron, Ohio. Frank Driggs Collection.
2. La section de trompettes du Count Basie Orchestra, Buck Clayton, Ed Lewis et Harry “Sweets” Edison, au Famous Door de New-York en 1938.
3. Count Basie en 1960. Photographie de Herb Snitzer

Extrait audio : Doggin' Around, 1938 - Count Basie Orchestra


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