Monday, August 07, 2006





Grant Green, génie du Soul-Jazz

Grant Green est un des grands maîtres du Soul-Jazz.
Formé à l' école du Boogie-Woogie et du R&B, il fut fortement influencé par Charlie Christian, le premier guitariste à intégré les innovations du Be-Bop à son jeu.
Grant Green possède un sens du groove unique. A l' instar de Miles Davis, son génie réside dans son art de toujours jouer la note juste.
Son style allie ainsi simplicité et force expressive.
Immédiatement reconnaissable comme peu de guitaristes, Green fut avant tout un magnifique interprète de Blues. Il fut aussi un créateur parfaitement original.
Son jeu en "single-notes" et refusant le jeu en accords n' a aucun équivalent dans le Jazz.
Le génie de Grant Green est déjà évident dès son premier album "Grant's First Stand" paru chez Blue Note en 1961. L 'album présente Grant Green en trio avec le bouillonant organiste trop peu enregistré "Baby Face" Willette et le batteur Ben Dixon. Il signe là un des chefs d' oeuvre du Soul-Jazz. Robert Levin écrit dans ses notes du livret que Green est doté d' une vive imagination rythmique et d' une énergie qui a fait dire à un musicien que si Horace Silver jouait de la guitare, il sonnerai comme Green.
A la fin de cette même année, il enregistre des faces remarquables plus Hard-Bop avec l' excellent pianiste Sonny Clark. Elles sont aujourd' hui regroupées dans un double Cd vivement recommandé "The Complete Quartets With Sonny Clark".
En 1962, Green rend hommage aux standards du Gospel avec le trés beau "Feelin' The Spirit" qui bénéficie du support d' Herbie Hancock au piano et de Billy Higgins à la batterie.
L' album qui suit au titre pourtant évocateur "Am I Blue" est une légère déception.

En 1963, Grant Green signe son chef d' oeuvre "Idle Moments".
Les musiciens sont en état de grâce dans le morceau-titre de près de quinze minutes qui ouvre l' album. La magnifique mélodie du pianiste Duke Pearson est magnifiquement interprétée par le guitariste avant des solos non moins splendides de Bobby Hutcherson et Joe Henderson.
Ce titre fait partie pour moi des grands chefs d' oeuvre du Jazz toutes époques confondues, un voyage musical paradisiaque.
Les thèmes et l' instrumentation de l' album sont plus élaborés que dans ses précédents disques et montrent l' intérêt de Green pour les formes nouvelles du Jazz moderne.
Une ouverture confirmée avec l' album "Matador" paru en 1964 toujours chez Blue Note. Grant Green croise le fer avec deux musiciens du John Coltrane Quartet, McCoy Tyner au piano et Elvin Jones à la batterie. La séance est une grande réussite et démontre la capacité d' adaptation du guitariste à des environnements musicaux trés divers. Tyner et Jones y sont remarquables dans un registre différent qu' au sein du quartet de Coltrane.

Green va poursuivre sa trajectoire ambitieuse en collaborant avec l' organiste Larry Young.
Young intègre les avancées du Jazz modal à son jeu d'orgue et si Jimmy Smith fut grandement influencé par Bird, Larry Young exploite avec talent les nouveautés apportées par Coltrane.
Il est aussi un accompagnateur particulièrement subtil et intelligent.
Le duo Green-Young vont réaliser ensemble quatre albums en l' espace de quelques mois, de septembre 1964 à mars 1965.
Le premier "Talkin' About !" , en trio avec Elvin Jones, est fabuleux, en particulier le frénétique morceau d' ouverture "Talkin' About J.C" (J.C., on le devine, autant pour John Coltrane que pour Jesus Christ).
Le deuxième "Into Somethin'" est le premier disque Blue Note de Larry Young en tant que leader. Il contient un splendide thème de Green "Plaza De Toros" et bénéficie de l' apport du saxophoniste Sam Rivers.
Les deux derniers albums du duo "Street of Dreams" et "I Want To Hold Your Hand" toujours avec Elvin Jones à la batterie présente Grant Green en subtil interprète de ballades.

Parrallèlement à sa collaboration avec Young, Grant Green crée avec "Big" John Patton une musique plus groovy.
Le tandem est peut-être ce qui s' est fait de mieux dans le genre. On peut apprécier leur entente quasi télépathique dans l' excellent "Let' Em Roll" de l' organiste et "Got A Good Thing Goin'", un album resté longtemps inédit qui présente des reprises savoureuses de standards R&B comme "Shake" et "Ain't That Peculiar".
Suite à des problèmes de drogue, sa carrière musicale va quelque peu s' essoufler à partir de 1966, il n' enregistra qu' un disque entre 1966 et 1969. A partir de ce moment, son jeu perdra en fluidité et en qualité.
Grant Green est décédé à l' âge de 47 ans le 31 janvier 1979.


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